La présente livraison de LITTERall accorde une large place à l’écrivain Wolfgang Hilbig trop tôt disparu en proposant aux lecteurs deux de ses nouvelles écrites à plusieurs décennies de distance et publiées à titre posthume en Allemagne. Dans la première nouvelle, Herbes somnolentes, l’auteur entrouvre, pour le lecteur, une petite fenêtre sur l’intime, l’enfance, la biographie, un fait rare chez cet écrivain pudique. La Nuit au bout de la rue est, comme le rappelle Jörg Hosemann, l’éditeur de l’œuvre complète de Hilbig aux éditions S. Fischer, l’ultime texte auquel l’auteur a travaillé dans les deux dernières années de sa vie. Comme dans l’ensemble de son œuvre, Hilbig tisse avec maîtrise l’étrange et le familier dans une écriture serrée, dense et donc poétique selon ce que suggère le terme allemand de Dichtung.
Ilma Rakusa, Katja Lange-Müller, Marion Poschmann et Li Mollet accompagnent Hilbig dans ces pages. Nous devons la découverte de la poétesse suisse Li Mollet à l’écrivain Cécile Wajsbrot. Qu’elle en soit remerciée. Sous la plume de Li Mollet aussi, le familier du quotidien se marie à l’étrangeté des mondes intérieurs. De même chez Marion Poschmann, l’une des grandes voix de la poésie allemande contemporaine, où l’invitation à entrer dans le royaume fl oral n’est qu’un prétexte pour sonder la présence des choses et invoquer un paysage mental. En interrogeant les simples qui peuplent nos jardins, c’est tout un art de la perception qui se trouve réinventé.
Encore peu pratiquée chez nous, la leçon de littérature est un exercice très répandu en Allemagne, certaines même comme les Poetikvorlesungen de Francfort, retransmises à la télévision, rencontrent un succès considérable. Inspirés par ce modèle, les Amis du Roi des Aulnes invitent ainsi chaque année, en collaboration avec d’autres institutions, un écrivain de langue allemande. Ce sont les leçons de littérature de Katja Lange-Müller et Ilma Rakusa que LITTERall publie aujourd’hui dans ce cahier.
Sommaire
Wolfgang Hilbig Herbes somnolentes
suivi de La Nuit au bout de la rue
traduction par Gérard Rudent et Brigitte Vergne-Cain
Li Mollet Poèmes
traduction par Cécile Wajsbrot
Marion Poschmann Images fantômes
traduction par Sophie Deltin
Katja Lange-Müller Haut la main (gauche) ou Le Problème catalyseur
traduction par Gaëlle Guicheney
Ilma Rakusa L'Ecriture autobiographique en tant que roman d'éducation
traduction par Françoise Toraille
COnSEIL ÉDITORIAL
Nicole Bary
Sophie Deltin
Françoise Toraille
En collaboration avec
Anna Granier
Joséphine Pasco