« Je crois à la mission de l’écrivain », écrit Edmond Jabès dans Le Livre des Questions. « Il la reçoit du verbe qui porte en lui sa souffrance et son espoir. Il interroge les mots qui l’interrogent. Il accompagne les mots qui l’accompagnent. L’initiative est commune et comme spontanée. De les servir – de s’en servir –, et il donne un sens profond à sa vie et à la leur dont elle est issue. »
Les auteurs réunis dans la dix-huitième livraison de LITTERall interrogent les mots pour leur restituer leur innocence et leur plénitude de sens. Leurs mots disent la souffrance et l’espoir face à des situations extrêmes : abandon, solitude, isolement, bouleversements de toutes sortes, discrimination, persécutions, exil sont le terreau sur lequel se déploie leur parole poétique. Sans doute aussi, comme le suggère le poème de Ludwig Harig (dont nous publions exceptionnellement aussi la version originale, sujet oblige !), car le poète, insouciant, forge la langue à sa guise, s’amuse de ceux qui s’exténuent « en vain à respecter les normes [et] s’en bat les flancs car son chant est séraphique. »
Nicole Bary
Sommaire
Ludwig Harig Poème
traduction par Alain Lance
Herta Müller Chaque mot en sait long sur le cercle vicieux
traduction par Claire de Oliveira
Franz Baermann Steiner La Peur d'Icare
traduction par Pierre Deshusses et Bernard Hœpffner
Peter Wawerzinek Mère trouvée
traduction par Nicole Bary et Julia Drevermann
Zafer Şenocak Poème
traduction par Jean-Paul Barbe
Saïd là où je meurs est mon exil
traduction par Françoise Wuilmart
Lorenz Langenegger Etats de marche
traduction par Gaëlle Guicheney
Alain Lance Poèmes
Volker Braun Poèmes
traduction par Alain Lance
Cécile Wajsbrot Le Silence de la mer et autres silences
COnSEIL ÉDITORIAL
Nicole Bary
Sophie Deltin
Françoise Toraille